LA CONQUÊTE DU MONDE
La Haute Couture émerge, Paul Poiret a libéré les femmes de leurs corsets, Cartier a créé les premières montres-bracelets pour femmes, qui intègrent dans le même temps un nouveau concept du luxe, entraînant une série de codes pour être dans le « bon ton » : voyages, paquebots, sports, grands hôtels… Paris draine alors une grande fresque baroque d’originaux : artistes et princes russes, fastueux maharajahs auxquels se mêlent les gens de la Mode et ceux de l’avant-garde des Lettres, de la peinture et de la danse. L’ambiance des Années Folles pendant l’entre-deux guerres est éperdument festive, cosmopolite, les femmes sont effectivement folles des Ballets Russes et autres Contes des Mille et une nuit. Les matières utilisées par Mauboussin reflètent ce parfum d’exotisme : jade et laque venus d’Orient, nacres, perles, corail et lapis venus du Moyen Orient, pierres de couleur gravées en Inde…
L’effervescence et l’enthousiasme nés de ces découvertes exotiques ont favorisé l’émergence du style Art Déco, purement parisien, dans lequel la Maison s’est totalement investie et remporte les plus vifs succès : Mauboussin reçoit un grand prix à la French Exhibition de New York, en 1924 et une médaille d’or à l’exposition des Arts Décoratifs à Paris, en 1925. Son exceptionnelle créativité sera aussi primée lors de l’Exposition Galliera, à Paris, en 1929, ainsi qu’à l’Exposition Coloniale, en 1931.
Toutes ces distinctions récompensent la participation active de Mauboussin à la recherche d’un nouveau mouvement « moderne », touchant tous les arts décoratifs, duquel se dégage une unité esthétique : associations de matières aux tonalités fortes, contrastes tranchés et motifs stylisés.
Mauboussin entretient des relations suivies avec les femmes au travers des revues de luxe, telles que Vogue, Harper’s Bazaar, l’Officiel qui présentent les modèles de Haute Couture qu’accompagnent les créations des joailliers. Les robes Lucien Lelong et les bijoux Mauboussin seront souvent associés, les prises de vues étant effectuées par des photographes aussi célèbres et talentueux que Horst ou George Hoyningen-Huene. C’est ainsi que les bijoux Mauboussin feront le tour du monde dans un contexte artistique de très grande envergure.
En 1928, des succursales seront ouvertes à New York, à Londres et à Buenos Aires, sous la responsabilité de Pierre Mauboussin, fils de Georges, dont les talents éclectiques se manifesteront aussi dans des domaines sensiblement différents, notamment l’aérodynamique : concepteur de carrosserie automobile, constructeur d’avions, il est aussi l’inventeur du Fouga Magister, le célèbre avion de la Patrouille de France.